BIOGRAPHIE
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Jean-Claude Farjas est né le 31 mai 1924 à Paris, ville où il s'éteint le 21 février 2002. Il fait ses études secondaires à l'institution Saint-Lazare d'Autun (Saône-et-Loire) et au Lycée Condorcet à Paris. Puis, il suit des cours d'ethnologie et d'anthropologie à la Faculté des Sciences de Paris.
En septembre 1944, Farjas est engagé volontaire dans la 1 ère Armée Française. A la libération, il débute une carrière de journaliste à "Arts et Spectacles", "Paris Match", "Paris Presse", puis il est producteur d'émissions de radio à l'ORTF (Office de Radio et Télévision Française). En 1961, le prince de Rainier de Monaco le nomme responsable de l'information et directeur du Centre de Presse du Gouvernement Monégasque.
En 1958, il se lance dans la peinture pour s'y consacrer totalement en 1970. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1996, et Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres en 1997.
Farjas participe à de nombreuses expositions collectives, notamment à Paris où il est sociétaire des Salons des Artistes Français, du Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts, et du Salon d'Automne. Ce dernier, dont il est membre du Conseil d'Administration et Secrétaire Général, lui consacre un hommage en 1990.
Il montre aussi ses peintures dans des expositions personnelles, depuis la première à Paris en 1961, nombreuses ensuite en province, en Europe ainsi qu'aux Etats-Unis et au Japon.
Farjas exécute une peinture fine et précise, à la croisée des chemins figuratif, surréaliste et naïf. Il peint surtout des paysages animés. Il affectionne les petits formats.
Relativement classique à ses débuts, ses peintures évoluent dans le sens d'un onirisme d'inspiration très personnelle : des paysages imaginaires et colorés, souvent entrecoupés de crêtes et de falaises dans lesquels sont éparpillés quantité d'animaux familiers ou exotiques.
La souche des différentes familles Farjas est solidement implantée dans les monts du Beaujolais, dans le Nord-Ouest du département du Rhône, les Ardillats, Mardore, Saint-Vincent-de-Reins, Chénette, Chamelet, Monsols, Ouroux, Villefranche-sur-Saône, puis Lyon et Paris. Parfois orthographié Farja ou Farjat; un jugement du tribunal civil, daté du 12 juin 1840, décide qu'à Farjat, sera désormais substitué Farjas. Un autre peintre de bonne renommée, Benoît Farjat, né en 1646 à Lyon qui s'établit et se maria en Italie, figure également dans le dictionnaire Bénézit.
1924-1934 : Une enfance heureuse.
Jean-Claude Farjas est né à Paris, le 31 mai 1924, à 9 h. du matin, dans le 15ème arrondissement, de Pierre-Victor Farjas, docteur en droit, âgé de 32 ans et de Madeleine Deroin, son épouse qui a 21 ans.
Les jeunes époux Farjas, après la naissance de leur fils, s'installent à Rueil-Malmaison dans une maison d'époque Napoléon III, agrémentée d'un grand parc bien entretenu et planté de beaux arbres dont certains cachaient une petite écurie à côté d'un vaste chenil et d'un poulailler. Il y avait aussi un pigeonnier, un cours de tennis et un potager.
C'est dans ce cadre privilégié que Jean-Claude Farjas s'éveille à la vie et conserve son plus ancien souvenir : la naissance de sa soeur Nicole en Juillet 1927, et qu'au début des années 30, il ressent ses premières impressions artistiques en voyant avec émerveillement les planches en couleurs consacrées aux mammifères dans le Larousse Universel en deux volumes. Il apprend à lire avec ses gouvernantes avant d'aller à l'école. Il ira ensuite à Sainte-Croix-de-Neuilly.
Les séjours à la campagne sont fréquents. "La Plante", sur les premières pentes du Morvan, était une propriété en Saône et Loire, offerte à Madeleine Farjas par son père, à l'occasion de son mariage. C'était une belle maison ancienne du XVIIème siècle, au bout d'une superbe cour sablée encadrée de bâtiments annexes, écuries, garages, remise et maison de gardiens. Il y avait une petite ferme attenante, un charmant jardin romantique, un potager, une pièce d'eau, deux petits bois de sapins entourés de 70 hectares de pâturages et de terres à blé et à cultures diverses.
1935-1939 : Une adolescence solitairement rêvée.
Dans les années 30, Jean-Claude Farjas découvre la mésentente entre ses parents. Madeleine Farjas s'installe avec ses enfants à Saint-Étienne en 1935, dans le Grand Hôtel qui lui appartient et dont elle reprend la direction.
Les grèves de 1936, au début du "Front populaire", agitent la grande cité industrielle et minière et perturbent la vie au Grand Hôtel. Madeleine Farjas décide que les enfants passeront leur année scolaire 36/37 à Autun, à 12 km de "La Plante" chez leur grand-mère maternelle, Elmyre Deroin. C'est une vieille dame un peu autoritaire, mais très vivante et qui s'intéresse à la vie politique et à la vie mondaine. Elle joue un rôle capital dans l'éducation et la pratique religieuse de ses petits enfants. Jean-Claude Farjas lui témoignait un attachement sincère et beaucoup de respect.
A l'occasion des vacances de Pâques 1937, les époux Farjas, bien que vivant séparément, sont invités avec leurs enfants à Saint-Tropez au château de "La Messardière", propriété privée appartenant à Louis Larboullet, notaire à Nice. Ils descendent sur la Côte d'Azur dans la "Voisin" de Pierre Farjas et durant un arrêt à Toulon, Jean-Claude s'extaxie sur les quelques navires de guerre qu'il peut apercevoir. C'est une révélation et cela génèrera une nouvelle passion qui le possédera toute sa vie : celle de la Marine et des bateaux .
Retour à Autun où Jean-Claude entre à l'institution Saint-Lazare, de meilleure réputation que le collège. A 13 ans, Jean-Claude a un vif intérêt pour les jouets qu'il collectionne et dont il prend soin comme le ferait un collectionneur adulte. Il affectionne les figurines de plomb (animaux et soldats). Plus tard, établi, il en achètera toujours au "marché aux Puces" ou chez des brocanteurs spécialisés. Ses trains électriques occupent à Autun toute la superficie d'une chambre de bonne où il a cloué son réseau sur le parquet.
Ses premiers essais en peinture commencent à l'âge de 14 ans, mais par bravade envers son père qui a décidé, "de son avenir sans même lui en avoir parlé", qu'il entrerait aux Beaux-Arts, il néglige désormais ses talents d'artiste.
1940-1947 : Débuts difficiles d'un jeune homme.
C'est un garçon de 16 ans, traumatisé par la défaite de la France, attristé par la solitude de sa mère et désespéré par l'occupation allemande. Il suit avec intérêt les opérations militaires. Jamais Jean-Claude Farjas n'a autant étudié et aimé la géographie. N'est-ce pas à cette époque que serait née sa vocation de journaliste? Il l'avoue : il brûle de se trouver chaque fois là où il se passe quelque chose!
Son père Pierre Farjas meurt d'une crise cardiaque le 11 mai 1941. Dans une lettre adressée à son fils, il lui disait : "Nous avons, mon Claudinet, le même tempérament : nous sommes de grands imaginatifs et des anxieux. De cela, au lieu de nous en désoler, nous pouvons tirer quelque chose."
Comme vont le faire, à la libération de la France, plus de 135 000 maquisards, résistants ou jeunes gens, Jean-Claude Farjas, en ce mois de septembre 1944, s'engage dans l'Armée, au 8ème régiment de dragons qui s'était clandestinement reconstitué dans le Massif Central puis joint à la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny et qui était passée par Autun. A la suite de l'explosion d'un engin sous son véhicule, Jean-Claude Farjas, commotionné, est transporté dans un hôpital de Mulhouse. Il est évacué dans un sanatorium car on s'est aperçu qu'il est atteint d'une primo-infection tuberculeuse. Rentré à "La Plante", Jean-Claude convalescent est dorloté.
En 1946, Jean-Claude Farjas se fixe à Baden-Baden où il a déniché un poste dans l'administration française d'occupation en Allemagne.
Malade et angoissé, il revient à Paris en 1947 où il est opéré pour une tumeur maligne. Malheureusement, il y a des complications : une phlébite, des embolies pulmonaires graves. On le croit perdu! Il s'en tirera mais sa jambe gauche restera handicapée toute sa vie.
1948-1957 : L'âge d'or.
L'installation 16, rue Saint-Romain dans le 6ème arrondissement de Paris, dans un hôtel particulier acquis par sa mère et transformé en Pension de famille le comble. La vie à Saint-Germain des Prés est agréable et il décide de reprendre ses études. Il suit des cours d'ethnologie et d'anthropologie à la Faculté des Sciences de Paris pendant deux ans.
Après avoir débuté en 1952 comme stagiaire-pigiste à "Arts et Spectacles", il décide d'émigrer à Tanger où un couple d'amis de sa mère lui a fait miroiter une vie nouvelle, différente et plus chanceuse.
A cette époque Tanger est une zone spéciale du Maroc, une enclave dotée d'un statut international depuis 1923. Elle bénéficie, à ce titre, d'importants privilèges économiques et sociaux. C'est une sorte de paradis totalement cosmopolite. Chroniqueur à "La Tribune de Tanger", il devient rédacteur des informations et l'un des speakers de "Radio Tanger International" et produit diverses émissions. Il rencontre Paul Morand, Paul Bowles et Tennesse Williams.
Pressentant la prochaine et inéluctable indépendance du Maroc et en conséquence la fin du statut international de Tanger, il décide de rentrer à Paris en 1955 où il travaille pour "Paris Match" et "Paris Presse".
1958-1962 : La naissance du peintre.
Jean-Claude Farjas entre aux NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne) où il est affecté à la direction générale : une aubaine qui lui assurent des avantages et des privilèges ainsi qu'une certaine autonomie et du prestige. Il écrit pour "Combat" et "Paris Jour". Il produit également quelques émissions de radio pour l'ORTF (Office de Radio et Télévision Française).
En décembre 1958, Jean-Claude Farjas s'installe dans le quartier Latin, à l'Hôtel Trianon Palace, rue de Vaugirard. Dans la chambre mansardée qu'il occupe, il profite d'une vue exceptionnelle sur Paris et de la lumière du Nord si recherchée par les artistes.
Il décide de commencer une carrière de peintre parallèlement à son travail de journaliste. Le dimanche, il va au musée du Louvre, prend des notes et fait des croquis. Ces visites répétées, comme celles qu'il fera au musée des Offices à Florence, à l'Accademia à Venise et dans de nombreux musées par la suite, lui assure une culture artistique remarquable. Peintre autodidacte, il ne subit aucune influence et aucune contrainte, nulle manière imposée par un Maître.
Eté 1960, pendant ses vacances, il s'embarque comme passager sur un pétrolier en direction de l'Amérique du Sud. Il rapporte de ce voyage un plein cahier de gouaches intéressantes et un reportage écrit sur "La route du pétrole".
Printemps 1961 : Première expositon personnelle dans une galerie Quai Voltaire.
1961-1962 : Jean-Claude Farjas est nommé responsable de l'Information et directeur du Centre de Presse du Gouvernement Monégasque. Le travail aussi intéressant soit-il devient de plus en plus difficile. Toute aussi importante est la vie nocturne ; le soir, ce ne sont que galas, dîners, réceptions et fêtes de toutes sortes auxquels il est invité et se doit d'être présent. Il a ainsi l'occasion de dîner à côté d'une de ses stars préférées : Greta Garbo et de se lier d'amitié avec l'actrice Martine Carol.
1963-2002 : L'envol du peintre.
Retour à Paris aux NMPP afin de pouvoir consacrer plus de temps à sa peinture. Il a désormais une galerie attitrée : Ror Volmar, rue du Faubourg Saint-Honoré.
Guy Lapeyre, à la tête de son puissant empire de presse (NMPP) décide de soutenir un candidat concurrent du Gaullisme, lors des prochaines élections présidentielles en décembre 1965 : ,le sénateur de la Seine Maritime, Jean Lecanuet. Il charge Jean-Claude Farjas de diriger sa campagne. Jean-Claude Farjas rencontre Pierre Salinger qui avait activement participé au succès de John Kennedy, afin de profiter de son expérience. L'élection a lieu : Jean Lecanuet inconnu de la plupart des français quelques semaines plus tôt, obtient 17 % des voix.
1970 : Installation au 109, rue du Cherche-Midi dans le 6ème arrondissement, où il vit et se consacre à la peinture jusqu'à la fin de ses jours le 21 février 2002. L'appartement voit passer beaucoup de monde, des amis, des clients, des galeristes, des amateurs d'art et des journalistes.
1972 : Mariage avec Bonne de Pracomtal dont il divorcera plus tard.
Après la mort de sa mère le 31 juillet 1973, Jean-Claude Farjas ressent un immense chagrin. "Je suis comme un soldat en première ligne maintenant" dit-il à ses amis.
Début des années 80 : Deux rencontres importantes : Edouard Mac'Avoy et Eliane Thiollier. Tous les deux lui ouvrent les portes du Salon d'Automne où il exposait déjà régulièrement et dont il ne tarde pas à être nommé Secrétaire Général. Sur proposition de Pierre Ramel, Vice Président du Salon d'Automne, un hommage lui est consacré en 1990 au Grand Palais des Champs-Elysées.
Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1996 et Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres en 1997.
Les expositions Farjas et les hommages dans différentes galeries et salons parisiens (Société Nationale des Beaux-Arts et Artistes Français) se sont succédés de la France au Japon en passant par l'Italie et les Etats-Unis.